Professeur Francis Hassan

De dos, l’homme paraît austère. Col blanc empesé, costume étroit, et col roulé noir : tout semble démontrer une rigidité de la part de l’enseignant. Qu’on se le dise, Francis est un homme qui ne laisse rien passer, et démontre une intransigeance effrayante envers les autres mais surtout envers lui-même. Souvent tiré à quatre épingles, il délaisse parfois son sempiternel costume pour d’autres vêtements moins formels, mais tout aussi étroits.

Ce n’est que lorsqu’il marche que le voile commence à se lever. Bien qu’il se déplace à pas mesurés, le trentenaire a tendance à traîner de la jambe droite. Il en parle rarement, éludant les questions avec un sourire dévoilant fossettes et pattes d’oie, haussant les épaules pour toute réponse. Peut-être osera-t-il, dans le futur, renseigner les curieux. Pour l’heure, il préfère laisser planer le mystère, et laisser les rumeurs prendre.

Homme d’esprit et de culture, Francis est une personne cartésienne. Avec lui, un seul mot d’ordre : logique. Il ne supporte pas les plans sans rigueur, et les décisions prises sur un coup de tête sans l’once d’une réflexion. Pourtant, ça n’en fait pas une personne disciplinaire. Pas tant que ça. Si le plan est bien pensé, bien que dément, il peut se présenter comme un bon allié. Vif d’esprit, il n’en a pas moins une diction lente. Dans ses phrases, les réminiscences d’un passé sur les terres du Niger, au français aplani par des années à parcourir le globe, et à passer du temps dans Paname. Dans ses phrases, la passion pour le détail, et pour les beaux mots. Mais surtout pour le détail. Le trentenaire est un homme de précision et de réflexion ; pas celui à se jeter la tête la première dans l’inconnu.

Une seule ombre au tableau, parfois : des traces de peinture qui viennent marquer son teint aux couleurs chaudes. Malgré les apparences, Francis est une personne manuelle : il a les mains calleuses depuis des années, et les doigts tordus pour avoir travaillé plusieurs sortes de matériaux. Un passe-temps comme un autre, dans le confort d’un atelier – et le plus souvent avec une tasse de thé brûlante.